Fabien Sevilla

Contrebasse

Fabien Sevilla “Kôans – Contrebasse Solo”

koans

Premier album solo de Fabien Se villa sorti chez altrisuoni en mars 2010, Kôans se présente comme un recueil de petites énigmes sonores à méditer. Les courtes pièces improvisées, condensées de sens, puissamment évocatoires, se jouent de la technique pour élaborer au fil de l’improvisation une musique qui laisse libre cours à l’imagination, au geste et à l’intuition. Kôans évoque d’ailleurs précisément les courts aphorismes utilisés dans la méditation zen afin d’atteindre un état de conscience libéré des carcans.

Il s’agit ainsi pour Fabien Sevilla de laisser parler la musique, de se laisser traverser par elle sans a priori et de lui permettre d’être son vecteur dans un lieu où l’acoustique permet un rapport aussi brut que naturel avec l’instrument.

Ce n’est donc pas un hasard si le contrebassiste a privilégié l’intérieur de l’Eglise de Chêne Pâquier près d’Yverdon pour y enregistrer ses méditations sonores.

On trouve au fil de ses improvisations néanmoins trois pièces contemporaines écrites pour contrebasse solo, notamment estampillées Emil Tabakov, Teppo Hauta-Aho et David Ellis, ainsi que le standard Good Bye Pork Pie Hat en clin d’œil à Mingus. Toutes les pièces sont cependant abordées dans un même esprit, à la fois libertaire et intuitif, ce qui donne à l’ensemble une très belle cohérence. Les respirations sont sereines, l’archet décidé, précis et incisif, parfois quelques évocations brèves d’envolées tziganes ou des harmoniques susurrant quelques troublants contrepoints se dessinent sur fond de musique contemporaine. Le tout est riche de sens et captivant de sincérité.

Si présenter actuellement un disque de contrebasse solo en lâchant prise, en faisant confiance en la musique, sans anticiper ou vouloir contrôler le résultat ne s’inscrit évidemment pas dans une démarche commerciale, cela touche en revanche assurément à l’essentiel. La musique de cet album s’incarne dès lors tout naturellement sous les doigts de Fabien Sevilla sous la forme de poèmes incisifs et ciselés, malgré une volonté paradoxale de retrouver le geste brut. Mais quand la musique se libère du code et que la technique devient l’outil de l’intuition, elle tend alors vers l’évidence.

Texte de Michaël Tolck

 

Extraits de la tournée “Kôans – Contrebasse Solo NYC Tour 2011”

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